J moins 25 Part 2
Troyes 0-4 Monaco
Il y a des hold-up qui prennent des airs plus réalistes que
celui-ci.
En était-ce bien d’ailleurs ? 4-0 à l’extérieur.
Monaco a des sursauts de moribonds, une sorte d’ultime érection
du défunt. Et c’est Troyes qui en a fait les frais.
Trois buts bien remontés en contre alors que l’équipe du Rocher
était à dix contre onze suite à une main volontaire sanctionnée.
Rien à reprocher, sauf du réalisme au 11 troyen.
Alors, dit-on, il y a des matchs pendant lesquels, il est clair
que l’on ne peut marquer.
Sans doute les marseillais, forts de leurs quatrième défaite de
rang en championnat (5 à la suite avec la Coupe de la Ligue) doivent-ils avoir
une opinion sur le sujet pour ce match où Lille aura su mettre la balle au
fond.
Un match nul n’aurait pas été volé.
Un mi-temps terne éclairée par ce ballon récupéré aux vingt
mètres marseillais, un une deux d’école et Bodmer fait un crochet qui ouvre l’étau
olympien, place un tir adroit en lucarne gauche.
Du genre de but marqué où normalement, le dimanche matin sur
une pelouse picarde, vous regardez le faible public, vous levez les bras en V
dignement, à la Cantonnade, et vous regagnez les vestiaires, fier et satisfait du
devoir accompli avec prestance. Le match mérite de s’arrêter là.
Mais Bodmer n’est qu’un professionnel alors il revient avec les
siens pour une seconde mi-temps plus enlevée, plus digne de ce que les
commentateurs de la chaîne cryptée appellent modestement un match de Champion’s
League.
Les deux équipes auront plusieurs occasions de marquer et Lille
gagne à la fin.
Deux choses à retenir, bon ok trois.
1/ Ribéry a le niveau des grands joueurs puisqu’il imite
désormais Micoud. C’est tout l’art des grands joueurs de savoir se faire oublier
pour apparaître au grand jour sans que personne ne s’y attende.
Micoud depuis le début de la saison et Ribéry depuis le parc
des Princes.
2/ Le second geste à retenir après la frappe de Bodmer fut le
tacle de Keita sur Niang dans la surface lilloise.
A Clairefontaine, on doit appeler ça : le tacle glissé qu’il
ne faut jamais faire.
Hormis la probabilité qu’un arbitre sensible siffle un penalty
(par exemple, prenons Stéphane Bré) car l’action était spectaculaire et son
intensité ne pouvait arriver au firmament que par une erreur d’arbitrage et un
penalty tiré trois fois à cause des joueurs envahissant les 18m pendant le tir
(le penalty est marqué la première, raté la seconde et tiré sur la transversale
la troisième), il fallait être sévèrement équipé pour s’imposer sur ce geste
défensif limpide.
Niang n’a pas le temps de voir venir quoi que ce soit, tout juste
sa vision périphérique doit-elle entre apercevoir un TGV à sa droite.
Le tacle est viril mais correct. Parfait donc.
Et ce qu’il y a de plus extraordinaire (pour reprendre le
vocabulaire d’Alex Ruiz), c’est de se dire qu’à 5 cm près, Niang comptait sa malléole
et les tous petits os de sa cheville pour les offrir à ses enfants comme des
osselets de cours de maternelle.
Et ça, pour un joueur de dimanche matin qui tacle à moissonneuse
batteuse rabbattue, emportant veaux et cochons à chaque passage de charrue
défensive, cela représente la perfection du sillon agricole sur gazon vert.
3/ L’entraîneur marseillais vient de s’asseoir sur un siège
quelque peu inconfortable, adouci dans l’avenir par le messie Cissé.
Lille 1-0 Marseille
Le prochain match au vélodrome contre Valenciennes prend une importance nostalgique toute particulière.