FF, nouvelle version
Propos d’une clarté tout
relative.
France Football est mort, vive
le Roi ! Ou l’inverse. Avec ces journaux monopolistiques, nous ne savons
plus très où nous en sommes.
Tout du moins s’agit-il de la
version 4 de la bible du sport chéri, une mise à jour nécessaire selon l’édito
pour ce journal soixantenaire.
La mise en page a été modifiée,
les pages de brèves news ont disparu au profit d’articles plus clairs et sans
doute plus intéressants que ces listes minimalistes AFP aux allures de petites
annonces où nous pouvions attraper le curriculum vitae de Rothen pour son futur
club ou la braderie olympienne des jambes de bois de Cissé (Djibril le Cissé,
ne mettons pas toutes nos acidités sur le même club).
Fi d’un avis quelconque sur la
nouvelle mouture qui offre des ballons d’Or à n’importe qui puisque tous les
goûts sont dans les pelouses.
Force est de constater,
cependant, que FF a repris la rubrique culturelle des Cahiers du Football tant
convoitée. Cela vaut un procès et une interview par Jean Edernalier ou Gérard
Houllier, bref, un philosophe d’aujourd’hui.
Il aura donc fallu soixante ans
pour que la presse officielle comprenne qu’un lecteur de France Football n’est
pas qu’un vétéran du dimanche matin et de troisième mi-temps (preuve vivante à
l’appui sur simple demande par courrier avec fourniture d’un timbre surtaxé
pour colis de plus de 80kg).
Ah la belle page culturelle où
nous apprendrons tout sur le tricotage des maillots en peaux de léopards
tamisés des Ardennes et sur la vie sexuelle du sportif après un match (ce qui
est, convenons-en, fort difficile, si le match fut déjà physique –mais
correct-).
L’édito du jour affirme une
nouvelle fois la place prépondérante du canard (quelquefois des WC) dans le
monde du football, sorte de référence pour les footballeurs, les supporters et
la presse professionnelle elle-même qui n’hésite pas à s’auto-louanger.
France Football et L’Equipe. Le
tour est fait, et sans dopage littéraire.
C’est donc sans grande surprise
que j’acquière la nouvelle formule de FF à l’aube des vacances (il faut bien
vivre comme dirait Thierry, surtout lorsque Madame conduit et que la route des
cimes n’est pas encore en vue – tout le monde sait que les dames n’aiment pas
conduire en montagne-).
J’achète FF en congés, comme
L’Equipe lorsque je me sens zélé ou le temps est vraiment irritable.
Donc, FF est inévitable.
Sauf une fois par mois avec les
CdF. En fait, même pas car les CdF étant alternatifs, ils ne servent pas la
même cause. Heureusement.
Si les autres revues/journaux
sur le sport/football n’arrivent pas à s’installer sur le même créneau de la
presse écrite que L’Equipe et FF, c’est qu’il y a bien une raison : le
copier-coller ne marche pas face aux dinosaures qui s’autoregardent dans la
glace et se congratulent humidement, comme un soir d’automne sur les bords de
l’Yonne.
Quelle autre presse, décalée,
d’un regard différent, aurait sa place quotidiennement en France ?
Il n’y en a pas.
Il ne s’agit pas de passer
aux Cahiers du Football de la pommade qui chauffe avant les matchs sur les cuisses et les mollets un
dimanche matin d’hiver (que ceux d’entre vous qui n’ont jamais essayé la pommade Musclor me
jette le premier crampon de douze vissé) mais je m’interroge sur la capacité de
faire, de concert, qualité et quantité en presse.
L’article de L’Equipe qui fond
son encre sur nos doigts moites n’aura jamais la profondeur de champ d’un des paragraphes des Cahiers. Question de temps pour fabriquer un texte.
Tout du moins ose-je inventer
cette excuse pour m’abreuver des banalités mille fois exprimées (chaque semaine
de chaque année) dans les passages de FF.
Parce que vous n’allez pas me
dire que FF et L’Equipe font exprès de resservir la soupe sans effort ?
Bon, à part parce que les gars
comme moi collectionnent quand même les éditions pendant les grandes compétitions
malgré leurs désuétudes.
A part ça ? Hein ?
Alors est-ce possible d’être
alternativement volumétrique dans l’inventivité ? *
Fabrice Lucchini disait lors
d’une publicité diffusée sur une station libre : « Rendez-vous compte
qu’il y a des gens qui analysent le sport ? »
Ben oui. Mais le font-ils
bien ?
La nalyse ne peut se faire qu’épidosi édopi
épisodiquement avec qualité (par exemple après un match de l’Equipe de France)
et avec humour et pas, chaque jour, après ces milliers de confrontations
poilues qui courent les pelouses mondiales chaque jour.
Si L’Equipe a encore cette
excuse du travail dans l’urgence, FF ne l’a presque pas : un bi-semainuel n’est pas un quotidien.
Ou
alors s’agit-il d’une ligne éditoriale qui se veut volontairement fade et
dénuée d’humour corrosivement farceur ?
Donc,
FF, malgré la forme, ne change pas le fond.
Et
dire que ça a l’air satisfaisant.
* Après lecture
de cette phrase, prenez un triple sky-coke et la vie vous paraîtra plus simple.