Le rugby ne passera pas
Je viens d’observer avec attention un match de rugby.
L’affiche du dernier match international 2006 de nos athlètes en
calendrier correspond à la première confrontation 2007 de leurs frères
cramponnés, véritables sportifs eux, convenons-en.
Force est de constater que le rugbyman veut se mettre en valeur
en chaussant des maillots trop petits pour eux. Ça moule.
Amusant de constater qu’ils se les échangent en fin de partie
sans même vérifier l’adéquation de leurs tailles respectives.
Si Carew donnait son maillot à Eric Carrière, le lensois aurait encore
de quoi se faire une paire de draps après avoir renouveler son équipement
sportif pour l’hiver.
L’inverse aurait fait économiser un paquet de mouchoirs au
norvégien.
Malgré ce que tous les esthètes de l’Ovalie peuvent dire, le rugby
est un sport raisonnablement simplet. En serait-il autrement pour s’adresser à
ces quintaux de bidoches qui se piétinent avec allégresse dans la boue.
Mais techniquement, le sport est faible.
J’ai la balle, je cours, je me tape la tête contre un mur (bleu
ciel et blanc aujourd’hui, très noir ces deux dernières semaines), je me couche
toi là, je lâche le ballon puisqu’apparemment, c’est ce que les armoires
normandes d’en face recherchent à coups de crampons alu de 18 sur des tempes
découvertes.
D’autres gars me prennent le ballon ente les jambes avec
souvent, un testicule mêlé puis le lance à un copain de la même casaque bourrinée
en arrière.
L’heureux désigné volontaire attrape alors l’œuf de cuir et nous
reprenons tout le cycle à son début : il court, il se tape la tête contre un
train de marchandises et tombe massivement en attaque.
Si les adversaires récupèrent l’objet de tous leurs fantasmes, ils
prennent alors le jeu à leur compte et rentrent alors violemment dans les péniches
d’en face.
C’est un cycle sans fin jusqu’à ce que, par un hasard que les spécialistes
appellent tactique, un joueur moins bête que les autres décide de se démarquer
et de faire un slalom entre les poteaux télégraphiques adverses au lieu de
foncer dans le tas.
Le but étant, on l’oublie trop souvent, de porter la baballe aux
rebonds illogiques derrière une ligne (notons bien qu’il ne faut même pas viser
pour marquer un essai et qu’il n’y a pas de filet).
Il arrive aussi qu’un joueur plus frileux décide de putter rapidement
vers l’avant pour éviter de se prendre un TGV de cent vingt kilos dans la
mandibule inférieure.
Le jeu est très souvent interrompu à cause de pénalités suite à
des fautes incompréhensibles (même avec la vidéo) : en avant (sans
Guingamp), manchette à la pomme d’Adam, placage d’un gars sans ballon, arrachement
des ligaments du genou, crevaison des yeux, torsion des testicules restantes, et
autres délices moyenâgeux.
Quand il n’y a pas de vraiment d’erreurs dans le jeu, l’arbitre peut
stopper la partie pour procéder aux divers soins liés aux contacts nombreux.
Bref, la circulation de la balle laisse à désirer toute la poésie des courses
musclées.
A noter également qu’il s’agit du seul sport où le commentateur
sportif s’exclame avec délectation sur une mise en touche volontaire : « ah
que c’est bien joué, quelle belle touche trouvée ! ».
Donc, aucune fluidité, aucune vision du ballon (puisqu’ils s’agitent
frénétiquement dessus), actions répétitives et mauvais exemple pour la jeunesse.
De plus, les points se comptent aléatoirement sans raison
logique apparente.
A côté de cela, ma femme est capable de se poser dix minutes sur
le canapé, sans qu’on la force, pour observer librement ces trente gaillards tandis
qu’elle ne décroche pas un regard contre un match stressant de L1 : Sedan –
Nice.
Le rugby trompe les femmes, il faut désormais commencer à dire
la vérité quelques mois avant la
Coupe du Monde de l’an prochain.
Sinon, le mois de septembre 2007 risque d’être difficile à
supporter.